Avec «Pixelize me», il entreprend une nouvelle série qui nous invite à reconsidérer «l’œuvre de commande».

Il faut rappeler les études d’Art classiques et la parfaite connaissance de l’histoire de l’Art de ce trublion du Pixel Art. Passionné d’art ancien, et notamment épris de la peinture française du XVIIe et de certaines écoles du XIXe dont il est collectionneur, il voit dans le portrait de commande, ou la peinture de cour, une pratique récurrente à travers les différentes époques de l’histoire de l’Art. Le phénomène attire son attention : si ces portraits avaient d’abord pour but de magnifier des personnages importants, ils étaient aussi, pour les artistes qui les exécutaient selon des cahiers des charges souvent précis, l’occasion de s’exprimer de manière quasiment subliminale. C’est tout le jeu instauré depuis des siècles entre l’art et le pouvoir, que Phil.Macquet aime à décoder dans sa lecture de l’histoire de l’art, trouvant une complicité avec ceux qui, comme lui, mais des siècles plus tôt, trouvaient les moyens de détourner ou d’utiliser ce qui était convenu.

Franck M. – Galler

Phil.Macquet constate que ses acheteurs, comme ses commanditaires d’aujourd’hui, sont pour bon nombre d’entre eux des chefs d’entreprise. Peut-être parce qu’ils ont la place, dans leurs bureaux ou leurs usines, d’exposer ses œuvres de grand format, mais surtout en raison de leur attirance pour un art contemporain et urbain en résonance avec leur activité et leur parcours, pour un art «qui leur parle». Phil.Macquet, qui a toujours navigué entre l’univers de l’art pictural et celui de l’industrie graphique, y voit une reconnaissance qu’il reçoit volontiers. C’est ainsi qu’il décide de perpétuer, le temps d’une série, la pratique du portrait de commande, selon ses propres codes picturaux. Pour lui, l’unique sujet de toutes les œuvres d’art, quelle que soit la complexité des discours dont elles peuvent parfois s’entourer à notre époque, est au fond «la chose humaine». Il va donc proposer à «des gens qui comptent» de lui adresser une requête : «pixelize me» et de réaliser pour chacun d’entre eux un «portrait».

Concrètement, les «postulants» seront invités à lui remettre une «boîte» contenant les images qu’ils jugeront représentatives de leur vie, leur histoire, leur philosophie, leurs passions (photos, coupures de journaux, vidéos, maximes, citations, témoignages…) Bien sûr, ils rencontreront nécessairement l’artiste. Pour lui, travailler à partir d’un sujet «imposé» est un stimulant de plus : il a retenu de ses multiples expériences que dans le travail comme dans l’art, la créativité naît de la capacité à intégrer les contraintes. Cependant, pour qu’il puisse interpréter les données qui lui seront remises et réaliser un portrait «juste», il faudra que la relation s’établisse entre lui et ses «sujets». La connivence est donc la condition posée.

Qui sont «ces gens qui comptent» ? Phil.Macquet nous le dira, mais il n’imagine pas, à ce stade du projet, qu’il s’agisse forcément de personnalités médiatiques. Il espère davantage la rencontre avec des figures humaines, devant la place qu’elles occupent aujourd’hui, et pas forcément sur le devant de la scène, à leurs choix et à la richesse de leur vie, des gens dont les parcours auront beaucoup à raconter. Finalement, peut-être vous ou moi…